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Strój krakowski/Strój Krakowiaków Zachodnich
-Costume de la région de Cracovie

Avec l' Oberek, le Kujawiak [« Kouyaviak »], la Polonez et le Mazur, le Krakowiak est l'une des cinq danses nationales de Pologne. Certains pas, comme le galop (pas chassés rapide en avant) et le hołubiec [« rho-wou-biètse »] (faire toucher ses talons en sautant), sont connus pour imiter ceux des chevaux (qui étaient très appréciés, dans cette région de Pologne, des militaires comme des civils).

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Présentation de la région de Cracovie

Le Krakowiak, comme son nom l'indique vient de la région de Cracovie dans la voïvodie de Petite-Pologne, (Województwo małopolskie [« Vo-yè-vou-dztvo Ma-wo-pol-skiè »]) située au Sud de la Pologne.

Présentation des costumes

Il existe deux sortes de Krakowiak : le Krakowiak Wschodni [«v-srho-dni»], de l'est de Cracovie et le Krakowiak Zachodni [«za-rho-dni»], de l'Ouest de Cracovie ; et donc deux costumes quelque peu différents. Pour découvrir le costume du Krakowiak Wschodni, cliquez ici.

Souvent considéré comme le costume national de Pologne, le costume du Krakowiak Zachodni est sûrement le costume traditionnel polonais le plus connu, et le plus représenté à l'étranger. En effet, Cracovie a toujours été la capitale culturelle de la Pologne.

A l'origine, le costume des filles était plutôt simple. Il a pris la forme que nous connaissons aujourd'hui au XVIIIème siècle, quand les paysans ont commencé à avoir leurs propres richesses.

L'élément qui varie est la couleur de le jupe. La plus connue et sûrement la plus répandue, est la jupe rouge, mais il existe aussi des jupes vertes, bleues, noires et blanc/beige. Pour une question d'esthétique, nos danseuses portent toutes une jupe rouge. Un ou plusieurs rubans dorés sont cousus vers l'ourlet.

La jupe est fabriquée à partir d'un imprimé fleuri : tybetka ou tybet. La plus part du temps, les fleurs représentées sont des roses. Ce tissu est fabriqué à partir de ​chèvres ou moutons tibétains. Initialement, les tybet étaient unis ou avec un motif délicat. Au fil du temps et de la mode, ils ont été imprimés avec des ornements colorés, principalement des roses. Ce tissu a été produit à grande échelle en Europe vers la fin XIXème siècle. Au tournant des XIXème et XXème siècles, il a acquis une grande reconnaissance au sein de la communauté rurale du Sud de la Pologne et a été considéré comme matériau typique par de nombreux groupes ethnographiques.

 

Initialement, le tybet était produit et importé d'Autriche, ce qui explique probablement pourquoi il a « charmé » le plus rapidement la population rurale de la partition austro-hongroise du territoire polonais (cf la 3ème partition de la Pologne). Les premières à porter des jupes, des tabliers et des foulards en laine tibétaine furent les femmes de Cracovie, de Podhale et les montagnardes des environs de Żywiec, Pieniny et Orawa. Dans les années 1920, le tybet a commencé à être fabriqué en Pologne et sa popularité a fait que des foulards en laine colorés étaient également portés par les femmes du centre de la Pologne.

partages Pologne

Dans la région de Cracovie, on peut voir 3 types de tabliers pour aller avec ce costume : le premier type est un tablier avec le même imprimé que la jupe mais d'une couleur différente ; le deuxième est un simple tablier en lin blanc avec de belles broderies et enfin le troisième type est un tablier fin en dentelle que nous portons à Syrena.

Le corset (Gorset) que portent nos danseuses vient de Bronowice [« Bronovitsè »], autrefois un village, aujourd'hui un quartier au Nord-Ouest de Cracovie. Comme les jupes, il existe plusieurs couleurs différentes pour le corset, cependant les teintes sont plus foncées : rouge, noir, bleu foncé, bordeaux... Nos danseuses portent un corset soit noir, soit rouge. Ce qui fait sa richesse, c'est la manière dont il est abondamment décoré : des pompons en laines rouges ou jaunes selon la couleur de base du corset. Mais également des paillettes et des broderies qui forment des figures géométriques ou alors des motifs représentants des fleurs (le motif le plus utilisé est celui que nous portons à Syrena). Sous ce corset, les filles portent une chemise blanche à manches courtes (ou longues) et travaillée au niveau du col et des manches. 

Pour accessoiriser le costume, les filles portent une très belle couronne de fleurs (wianek) accompagnée de long rubans colorés. Autrefois, les femmes célibataires portaient cette couronne et les cheveux tressés, puis quand elles se mariaient, elles la troquaient  contre un foulard blanc) ; une paire de bottes noires à lacets rouges typiques du folklore polonais et bien sûr le collier de 3 rangées de perles rouges.

dessins 1792/1794

Passons à présent aux garçons. D'origine paysanne, le costume masculin du Krakowiak a très fortement influencé l'uniforme que portait l'armée polonaise à la fin du XVIIIème siècle.

Le costume se compose d'une chemise blanche en coton à manches longues et plutôt amples, et à broderies blanches au niveau du col, des poignets et devant, autour des boutons. Un petit ruban rouge vient s'ajouter aux boutons pour bien fermer le col.

Le pantalon très léger et plutôt ample, a un imprimé à rayures verticales rouges et blanches très caractéristique. On peut aussi voir quelques fois des pantalons à rayures bleues et blanches (surtout dans les région à l'Est de Cracovie).

Pour compléter le costume, les hommes portent une longue veste, appelée kaftan [« kaf-tane »], sans manche qui descend jusqu'aux genoux. Ces vestes sont en règle générale bleu foncé mais il en existe des noires. Trois rubans des couleurs (rouge, vert et orange) courent sur tout le contour de la veste.

Une large ceinture en cuir rouge sertie de boutons argentés est portée pour fermer la kaftan. La ceinture est également composée d'un ensemble de 3 rangées de ronds métalliques, qui retombe sur le haut de la jambe gauche. Il existe un autre type de ceinture : blanche, plus fine mais toujours avec les chaînes et ronds métalliques.

Il existe 3 types de chapeaux pour compléter le costume, mais la krakuska   [« kra-kouss-ka »] reste le chapeau le plus représentatif et le plus utilisé dans le folklore polonais. Ce chapeau aux origines militaires est assez original : la base noire du chapeau est ronde mais le haut rouge est carré. Il est décoré avec une plume de paon et de fins rubans colorés.

Enfin, les garçons dansent avec des bottes noires classiques.

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Costume national ?

Le costume de Cracovie est le seul costume ayant été "anobli" strój narodowy (costume national) en Pologne. Mais qu'est-ce que cela signifie et d'ou vient cette appellation ?

Cracovie, ancienne capitale de la Pologne et centre politique, culturel et commercial important, a vu de nombreuses influences qui ont contribué à la formation de son costume traditionnel. À partir du Moyen Âge et surtout à la Renaissance, la ville est un carrefour où se rencontrent les modes européennes de l'époque. Les marchands, les aristocrates et la bourgeoisie polonaise influencent les vêtements, en empruntant des éléments de mode italiens, allemands et hongrois, mais aussi en adaptant ces styles avec des motifs locaux.

Le costume de Cracovie trouve ses racines dans les vêtements traditionnels portés par les paysans et les citadins au cours des XVIIIème et XIXème siècles. Il a évolué sous l'influence des costumes paysans, des vêtements nobles et des vêtements des marchands.

C'est durant la période des partitions de la Pologne (1792/1795-1918), où le pays est partagé entre la Russie, l'Empire austro-hongrois et le Royaume de Prusse, que le costume de Cracovie prend une signification plus symbolique. À la suite des soulèvements polonais (menés notamment par Tadeusz Kościuszko en 1794 avec la bataille de Racławice contre les russes) contre les puissances occupantes, il devient un moyen pour les Polonais de maintenir et d'affirmer leur identité nationale. Pour remercier et honorer le peuple polonais qui l'a suivi, Kościuszko revêt une sukmana paysanne. L'Histoire retiendra ce geste de Kościuszko pour élever le costume krakowiak au rang de costume national. 

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Milice paysanne composée de paysans de Cracovie en route pour le soulèvement de 1794, Michał Stachowicz, 1795 

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Kościuszko à Racławice , Jan Matejko, 1888 

Avez-vous vu ? 

Observez bien les détails de ces peintures et les vêtements portés par ces hommes !

Dès lors, les costumes folkloriques, dont celui de Cracovie, sont de plus en plus valorisés par les intellectuels, les artistes et les patriotes polonais comme un symbole de résistance face à l'occupation étrangère. Ce phénomène se développe particulièrement au XIXème siècle, lorsque des mouvements de préservation de la culture polonaise, comme le romantisme et le nationalisme, incitent à redécouvrir les traditions anciennes et à les réintroduire dans la vie quotidienne. Ces mouvements se nourrissent de l’idéalisme romantique, qui met en avant la beauté des traditions populaires comme une manière de préserver l’essence de la nation polonaise, menacée par l'occupation, qu'elle soit russe, austro-hongroise ou prussienne.

Pendant la première moitié du XIXème siècle, nombreux sont les artistes et intellectuels polonais à s'installer en France, espérant l'indépendance de leur pays.

Après la Première Guerre mondiale et la restauration de l'indépendance de la Pologne en 1918, le costume folklorique, et en particulier le costume de Cracovie, connaît une redécouverte et un renouveau. L’État polonais naissant et les mouvements culturels cherchent à promouvoir une identité nationale forte, et le costume traditionnel devient un symbole de l’unité et de l'indépendance retrouvée.

Norwid, Cyprian Kamil (1821-1883) - [Kosynier] - - d7e0b565-3002-449d-833b-2d20bd9f899f.jp

Kosynier (faucheur) , Cyprian Kamil Norwid (1821-1883), 1843 

Soldat français et faucheur polonais sur fond de paysage méditerranéen , auteur inconnu, entre 1866-1870

Le saviez-vous ? 

Les paysans de Cracovie étaient pour la plupart des faucheurs, c'est pour cela qu'ils sont très souvent représenté avec leur faux.

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Les artistes, les ethnologues et les musiciens du début du XXème siècle contribuent à la préservation des costumes traditionnels en les étudiant, en les documentant et en les popularisant à travers des performances de danse et de musique folklorique. Le folklore polonais est de plus en plus mis en avant, et des ensembles nationaux comme Mazowze (1948) ou Śląsk (1953), étudiant comme Słowiański (1959) ou écoles de danse comme Lublin (1948) diffusent les traditions, y compris les costumes typiques de Cracovie, à travers le pays et à l'international.

PZPiT Mazowsze - Costume Krakowiak, hołubiec

Après la Seconde Guerre mondiale et pendant la période communiste, le costume de Cracovie et les costumes folkloriques en général connaissent une certaine évolution. 

Les arts et la culture traditionnels sont souvent utilisés pour promouvoir un sentiment d'unité nationale, même si, dans le même temps, le régime essaye d'uniformiser les pratiques culturelles et d'utiliser le folklore comme instrument de propagande. La Pologne communiste voit l'émergence de festivals folkloriques à grande échelle, et des groupes de danseurs en costumes traditionnels deviennent des ambassadeurs de la culture polonaise à l'étranger (cf le film Zimna Wojna de Paweł Pawlikowski réalisé en 2018 ; Cold war pour la VF).

De nos jours, le costume de Cracovie est plus qu'un simple vêtement traditionnel. Il est devenu un symbole de la culture polonaise, porté lors de fêtes, festivals, mariages et autres événements culturels. Ainsi, ce costume continue de jouer un rôle central dans la préservation et la célébration de l'identité régionale et nationale polonaise, tout en rappelant une longue histoire de résistance, de culture et d'identité nationale.

Et bien chantez maintenant !

"Żebyście poznali prawego Polaka

Będę se tańcował, śpiewał Krakowiaka"

PZPiT Mazowsze - Krakowiacezk

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